DONJONS ET MANOIRS
EN MAINE ORIENTAL (SARTHE)

      

Le numéro spécial 37-38 (mars-juin 2006) de la Revue Châteaux-Forts d’Europe est consacré aux donjons, maisons-fortes et manoirs du XIIe au XVe siècle en Maine oriental (Sarthe). Cette étude se base sur un corpus de plus de 600 monuments conservés dans la Sarthe. Elle est focalisée sur le logis seigneurial, son organisation, sa mise en scène. Elle cherche à définir chronologiquement ce qui dans ce type de construction affiche le statut de l’homme noble.

Le Maine est une région frontière où s’affrontent assez tôt les comtes d’Anjou et les ducs de Normandie. L’offensive angevine favorise la création précoce de très puissantes châtellenies sur la périphérie (à Mayenne, Sablé, La Flèche, Bazouges, Château-du-Loir). Malgré des accidents dynastiques, les comtes tentent de maintenir la cohésion d’un territoire qui se réduit peu à peu. L’identité de la région Maine est aussi défendue par une ambitieuse famille vicomtale ancrée notamment dans les châteaux de Beaumont (dont ils adoptent le nom), Fresnay et Sainte-Suzanne. L’aventure des grands aristocrates et des chefs de guerre se termine vers la fin du XIIe siècle dans la formidable collision entre les Plantagenêt et le roi Philippe-Auguste. Mais pendant deux siècles, les circonstances ont été favorables à l’éclosion de nombreuses châtellenies intercalaires.

Chacune des seigneuries châtelaines a ses clients et ses hommes de main, tous devenus chevaliers, qui bâtissent des manoirs domaniaux et à l’occasion des maisons-fortes de seigneuries villageoises. La Sarthe a la chance d’avoir conservé de multiples manoirs antérieurs à la fin du Moyen Age, au moins vingt-cinq d’avant 1300, près d’une quarantaine du XIVe siècle. Globalement, il n’y a pas de différence évidente entre les architectures manorales laïques et les religieuses. Plus étonnant encore, depuis le XIIe siècle et jusqu’au début du XVIe siècle, sont transmises les mêmes formules en les rhabillant de coquilles dont l’apparente différence extérieure laisse transparaître la trame des archétypes romans.

Deux grands modèles occupent le terrain : la tour (le donjon-logis) et la halle (la haute salle sous charpente apparente). Pour l’organisation autour de la halle, on invente plusieurs formules : la halle et le logis séparés, la halle et le logis imbriqués, la halle de plain-pied, la halle d’étage. Couramment, ce sont encore ces principes, à peine transformés, si l’on fait abstraction du style des portes et des fenêtres, qui régissent les manoirs de la fin du Moyen Age. Ceux-ci constituent évidemment la masse des édifices conservés (près de 400). Encore faut-il nuancer, on date ce qui est datable, c’est-à-dire les modénatures et des éléments de la grammaire des formes. Mais à y regarder de près, bien des caractères comme les chaînes d’angle, voire des cheminées ou des éléments de charpente trahissent des dates plus anciennes que celles affichées par le décor des baies ou la présence des tourelles ou des postes de tir.


100 pages, 6 planches couleurs, 148 illustrations, photos, gravures et plans.

 

L'auteur : Charles-Laurent SALCH

 

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